C'était un homme d'Etat, mais pas un homme de pouvoir. Un pur, mais pas un dur. Un pragmatique qui a avalé bien des couleuvres, mais qui n'a jamais perdu de vue son seul combat, celui des droits de l'homme. Hommage à un homme qui, en toute discrétion, a soulevé des montagnes.
Tout s'est donc terminé à Sidi Ouahi, village perdu entre Tiflet et Khémisset, dans le pays des Zemmour. Driss Benzekri y est retourné mort, en cette longue, longue journée du 23 mai, l'une de ces journées où l'on se dit, devant les flots ininterrompus de visiteurs, que “tout le
Maroc est là”. Au premier rang des milliers de personnes venues rendre hommage à l'enfant du pays, le prince Moulay Rachid. “Regardez, regardez, il va marcher à pied de la mosquée au cimetière, comme tout le monde !”, chuchotent, stupéfaits, les villageois. En effet, Moulay Rachid, ce jour-là, a fait une entorse au protocole princier. Il a marché sur plus d'un kilomètre sans tapis rouge, sans voiture, sur un sentier étroit, cahoteux, poussiéreux, au milieu d'une foule qui se bouscule pour voir, une dernière fois, le cercueil du défunt. Une première.